Une nature humaine





Petites recherches mine de plomb sur papier A5


Transition vers une nature humaine








Peinture sur moulage en plâtre


Puisque nous avons autant de sel dans notre corps
proportionnellement à la mer,
qu'y a t'il réellement à l'intérieur de nous,
une flore aquatique?


















Attention, tapis rouge aux explications! 


          Ce blog existe depuis 2008. Il débute par des croquis et dessins encore scolaires. Ensuite, sont présentées les gravures, qui explorent la représentation du paysage.
Ce sont d'abord des vues du sol, s'élevant pour devenir des vues du ciel, des compositions de champs, tel des modules de construction.
Cette série est marquée entre autres par les influences d'Anselm Kiefer, de Jacqueline Lamba, de Paul Klee ou de Vassily Kandinsky (Point et Ligne sur Plan).

          Puis l'élément Eau fait son apparition, en s'imposant tout à coup comme un thème majeur.
L'eau, avec laquelle j'ai grandi, point marquant de mon enfance, est une expression de ma mémoire. Elle me permet de remonter dans le temps, métaphore intime de ce fluide, source de vie dans la plupart des mythes cosmogoniques.
Si on remonte aux origines, on trouve les premières cellules, éléments constitutifs fondamentaux à tout être vivant, ainsi que le plancton, ces êtres qui errent en suspension dans la mer, et la flore aquatique, constituant la base principale de la biodiversité.

          Ce sont mes premières représentations d'algues. Mon engagement s'est conforté par leur symbolique: les algues sont censées posséder une vertu protectrice.
Jusque là, je n'ai trouvé aucun écrivain ou poète qui parle de ces plantes de cette manière. Les algues des fonds aquatiques, comme l'écrit Bachelard, sont plutôt la représentation de nos sombres pensées...
Peu d'artistes ont abordé le sujet: Matisse, Mathurin Méheut, Ernst Haeckel...
Les algues ont occupé la majeur partie de mon temps l'année dernière, pour aboutir à une exposition personnelle à Belle Isle. C'est la raison pour laquelle on retrouve ce sujet dans les pages les plus récentes du blog, avec une inspiration plus fortement marquée par la biologie marine.

      L'eau est aussi ce qui est entre les abîmes et l'espace, la rencontre éternelle entre le ciel et la terre. Nombreuses sont les mythologies qui font de l'océan le berceau du cosmos, et le microcosme côtoie le macrocosme au sein de ces deux éléments remplis de mystères.
S'ensuivent donc une série de vitraux où la représentation d'une cellule, unité élémentaire faite d'eau, perturbe l'espace. L'emploi du vitrail oscille entre l'idée de la lentille microscopique et la rosace des lieux cultes. Nous sommes en présence d'yeux, tissus biologiques ou pellicules, comme l'océan.
Empédocle pensait déjà que l’œil, c'est le feu d'une lanterne entourée d'eau. L'eau conductrice, lieu de transmission et de passation. 
Et on revient aux origines du cosmos, où l'eau est le point de rencontre entre l'infini d'en haut et l'infini d'en bas.

          Si je n'ai pas trouvé d'écrivains parlant des algues, nombreux sont ceux qui parlent de l'eau. J'ai donc eu envie un moment de proposer une sorte de traduction graphique de quelques uns de ces textes, sous forme de livres qui se déplient entièrement.
Le livre s'ouvre tout d'abord sur le poème écrit, et les pages suivantes peuvent se découvrir une par une ou dans leur totalité, comme une grande ligne d'écriture picturale.
Mon but était de trouver un mode d'expression et une composition qui se rapprochent le plus possible à la signification et à l'ordre des mots, et par conséquent une technique qui parlerait elle-même d'eau: s'est confirmée pour moi la nécessité de l'encre de couleur.

          Aujourd'hui apparaît une évolution dans mes derniers dessins, mais ils restent intimement liés au thème de l'eau. La nature aquatique change de forme, elle devient humaine. On peut imaginer l'eau comme un tissu vivant qui respire et qui bouge, ses profondeurs seraient le sang coulant sous la peau, ses cellules seraient constituantes de nos organes... Virel rappelle que le "sang salé" qui irrigue notre corps est la réplique canalisée de l'océan originel, j'ajouterais que c'est ce que pensent les Noés de "Mermère", de Hugo Verlomme: Au delà de la peau, il y a le désir.
Le psychanalyste Sandor Ferenczi parle du liquide amniotique comme d'une image de l'océan.
La mer comme corps utérin dans lequel on cherche le secret de notre généalogie oubliée...

A suivre.